Cure monodiète : pour un corps sain ?

Cure monodiète : pour un corps sain ?

28.10.2016

Du raisin, des pommes ou du riz comme seul aliment, la cure monodiète cherche à mettre l’organisme au repos en le nourrissant d’un aliment unique pendant une journée, quelques jours, voire une semaine. Le corps s’adapte alors en puisant dans les réserves. Ces pratiques sont-elles pour autant saines et vertueuses ?
Le professeur Claire Gaudichon nous apporte son éclairage.

Pour éliminer les toxines, retrouver de l’énergie, voire soigner certaines pathologies, les monodiètes ont le vent en poupe. Pourtant les bénéfices de ces pratiques n’ont pas de fondement scientifique avéré, même si l’on ne peut nier les impressions positives que ressentent les adeptes passées les sensations des premiers jours. Restriction et privation sont sources de stress pour l’organisme, le corps doit s’adapter et la fatigue est inévitable. Pratiqué sur de courtes durées, le jeûne partiel ne conduit pas à de sérieuses carences, mais il engendre néanmoins un manque d’apports journaliers en vitamines, minéraux ou acides gras essentiels. Il provoque également une perte de poids significative ce qui n’est pas sans risques : le célèbre effet yoyo s’enclenche facilement.

 

Interview de Claire Gaudichon, professeur de biologie et nutrition humaines, responsable de l’équipe « Métabolisme protéique, homéostasie énergétique et comportement alimentaire », AgroParisTech.

Quels sont les mécanismes physiologiques liés aux monodiètes et jeûnes ? On distingue deux étapes. Lors d’un jeûne d’un à deux jours, le corps utilise les réserves de glycogène présentes dans le foie et les muscles. Lorsque ces réserves s’épuisent, l’organisme se met à fabriquer lui-même du glucose. Nous brûlons également des graisses. Au-delà de deux jours de jeûne, le glucose fabriqué par l’organisme devient insuffisant. Nous puisons alors dans les réserves de graisses mais aussi de protéines, ce qui signifie que nous perdons de la masse musculaire, utilisée pour fournir du glucose.
En parallèle, nous fabriquons les corps cétoniques que le cerveau, qui est un organe dépendant du glucose, peut aussi utiliser. Ces corps cétoniques sont responsables de la mauvaise haleine chez les personnes en restriction calorique, mais aussi de la diminution de la sensation de faim.

Quelles sont les conséquences d’une période de jeûne ou de monodiète ?
Une monodiète n’est pas calibrée en termes d’apports énergétiques, elle s’apparente donc souvent à une restriction calorique : il est en effet difficile de manger suffisamment de raisin ou d’ananas pour parvenir à une ration alimentaire quotidienne normale. Nous manquons toutefois d’études sérieuses sur les effets à long terme des jeûnes. Sans données, il est difficile d’affirmer quoi que ce soit. Toutefois, à court terme, par exemple lors d’un jeûne d’un ou deux jours, il faut se méfier de l’hypoglycémie qui peut conduire à l’évanouissement et qui, dans certains cas comme la conduite d’un véhicule, peut mettre l’individu et son entourage en danger.

 

La reprise en douceur
Après une monodiète de plusieurs jours, la reprise d’une alimentation plus riche et diversifiée doit se faire progressivement en commençant par l’eau de cuisson des légumes, puis des légumes
cuits en soupe. Une reprise trop brutale a toutes les chances de perturber durablement le système digestif.