Soulager, soigner par l’art-thérapie

Soulager, soigner par l’art-thérapie

09.12.2015

Peindre, dessiner, danser, chanter… L’art, pratiqué ou contemplé, peut être une thérapie à part entière pour peu qu’il soit intégré à un protocole de soins. Reconnu par le corps médical, l’artthérapie s’affi rme de plus en plus comme une solution effi cace pour soulager ou soigner. Précisions avec Fabrice Chardon, directeur d’enseignement de l’Afratapem.

Le grand public connaît assez mal l’art-thérapie. Pouvez-vous en évoquer les principes ?
L’art-thérapie est une discipline paramédicale qui exploite le potentiel artistique de l’individu dans une visée thérapeutique et humanitaire. On distingue deux conceptions : une approche psychologique qui s’appuie sur l’analyse émotionnelle et l’analyse de l’oeuvre réalisée par le patient pour comprendre les causes du symptôme, et une approche moderne qui s’appuie sur la capacité du patient à maîtriser des savoir-faire artistiques sans analyse des oeuvres produites.
La production artistique n’est pas une obligation, le patient peut simplement observer ou écouter une oeuvre et ressentir une émotion esthétique. Les deux types d’artthérapie sont complémentaires.

Comment se déroule une séance ?
Une séance prend place dans une démarche thérapeutique globale propre à chaque patient. L’artthérapie seul n’a pas de sens. Il fait l’objet d’une indication médicale et s’insère dans une logique pluridisciplinaire. L’art-thérapeute est donc un membre à part entière de l’équipe de soins qui élabore un protocole thérapeutique, une stratégie et des modes d’évaluation. Le soin s’adapte à chaque patient : le chant, la danse, la peinture…

Que peut-on soigner ?
L’art-thérapie s’adresse à toute personne présentant des troubles de l’expression, de la communication ou de la relation. Il peut avoir un impact sur chacun de ces pôles. Mais la majeure partie des pathologies peut être concernée. L’art est l’une des activités humaines les plus anciennes et il présente très peu de contreindications, si ce n’est en termes pratiques, comme une allergie à la peinture ou des acouphènes. L’art-thérapie peut également accompagner et soulager les personnes atteintes de cancer, de pathologies neurologiques, de sclérose en plaques ou encore de polyarthrite rhumatoïde.

Peut-on évaluer les résultats de l’art-thérapie ?
Depuis une dizaine d’années, l’artthérapie développe de plus en plus de résultats cotés scientifiquement au contact d’autres domaines médicaux où l’on cherche une efficacité plus tangible. On peut ainsi quantifier l’impact de l’artthérapie sur les patients placés en soins palliatifs : en six séances d’art-thérapie à dominante musicale, les patients réduisent de 50 % leur consommation de morphine dans les 24 heures qui suivent chaque séance. En gériatrie, la consommation d’anxiolytiques diminue de 40 à 50 % après une séance de chant. Il faut comprendre encore davantage les liens entre le somatique et la psyché, autrement dit les interactions existant entre le corps psychique et le corps physique. En tout cas, il est certain que l’art-thérapie moderne a des perspectives de recherche importantes.