Les régimes alimentaires sont-ils inutiles ?

Les régimes alimentaires sont-ils inutiles ?

16.05.2016

En matière de régimes, on a (presque) tout vu : monodiète, dissocié, sans gluten, hyperprotéiné… Si l’imagination des concepteurs de régimes n’a pas de limite, les résultats de leurs méthodes suscitent le scepticisme. Outre le métabolisme individuel, la perception neurologique et les modifications hormonales jouent également un rôle clé.

Qu’on se le dise : le régime miraculeux n’existe pas. On connaissait déjà les effets délétères des restrictions alimentaires en tout genre et l’inévitable effet yoyo : les kilos perdus après moult efforts sont rapidement repris et se voient même majorés. La psychologue américaine Traci Mann* mettait carrément les pieds dans le plat l’an dernier en affirmant haut et fort que l’on perdait « la bataille du bourrelet car il n’est pas inscrit dans nos gènes que notre corps et notre cerveau doivent résister à la nourriture. »

Alimentaire mon cher Watson !
Qui dit régime, dit modification de nos habitudes alimentaires et donc bouleversements neurologiques, hormonaux et métaboliques. L’étude de Traci Mann est particulièrement intéressante en ce qu’elle pointe l’impact neurologique d’un régime. Privez-vous et contraignez-vous dans votre assiette et vous constaterez facilement que vous êtes encore plus attiré par la nourriture. « Votre cerveau sur-réagit », affirme la chercheuse américaine. Par ailleurs, les hormones qui informent le cerveau de la satiété diminuent tandis que celles de la faim s’accroissent. Vous comprenez donc pourquoi il est si fréquent de « craquer » au cours d’un régime ! Enfin, d’un point de vue métabolique, priver l’organisme d’une alimentation normale le contraint à fonctionner avec moins de carburant. Du coup, il est amené à stocker malgré tout une partie des aliments ingérés sous forme de graisse.


Un mot clé : personnalisation
Tandis que la recherche américaine pointe les effets multiples des régimes et leur dimension « contre nature », une étude israélienne** insiste sur l’inutilité des régimes de masse. Comme dans de nombreux domaines (performances physiques, apprentissage…), nous sommes loin d’être égaux face à la prise et à la perte de poids. Autrement dit, ce qui fera mincir une personne n’aura aucun impact sur une autre. L’étude israélienne montre ainsi que la réponse glycémique varie énormément d’un individu à l’autre. Le constat va même plus loin puisqu’un repas identique peut entraîner des réponses glycémiques opposées chez deux personnes. L’une des femmes participant à l’étude présentait même une augmentation due aux de sucre sanguin dès qu’elle avalait… une tomate !

 

La minceur en chiffres

  • 15 % des Français sont obèses et près de 33 % des Français sont en surpoids.
  • En France, le marché des régimes minceur pèserait 3,6 milliards d’euros. 80 % des personnes ayant suivi un régime reprennent du poids au bout d’un an.
  • De 75 à 110 euros par semaine : c’est la fourchette de prix des repas minceur livrés tout prêts à domicile.
  • 166 000 Français par semaine suivent le régime Weight Watchers.
  • 20 millions d’euros : c’est le poids financier que représente l’empire Dukan.


Alors, adieu les régimes ?
Au regard des constats précédents, une conclusion semble s’imposer : adieu les régimes ! Mais tout n’est jamais totalement noir ou blanc. Il faut donc fuir les méthodes de masse qui ne tiennent pas compte des paramètres individuels et se méfier des discours trop prometteurs. L’idéal pour perdre du poids reste encore le recours à un professionnel de la nutrition qui saura adapter votre alimentation à votre profil (âge, sexe, activité physique, etc.). Il s’agira alors moins d’un régime que de nouvelles habitudes alimentaires à introduire dans votre vie quotidienne. De plus, vous bénéficierez d’un suivi personnalisé qui vous motivera et vous permettra de contrôler votre poids à long terme tout en préservant votre capital santé… et votre porte-monnaie !



Nutritionniste, diététicien : qui fait quoi ?

  • Une affaire de diplôme

Le nutritionniste est avant tout un médecin, ce qui signifie qu’il a suivi une formation médicale (bac+8) et une spécialisation en nutrition (DU, DIU ou DESC). La visite est remboursée par la sécurité sociale.
Le diététicien est titulaire d’un BTS diététique ou d’un DUT en génie biologique option diététique, le tout sur deux ans. Ses honoraires ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale.

  • Des compétences différentes

Le nutritionniste anticipe, diagnostique et prend en charge des troubles liés à la nutrition tels que les allergies, le diabète, l’obésité, l’anorexie… Il peut prescrire examens, analyses et médicaments.
Le diététicien forme et éduque sur le plan nutritionnel. Il propose des programmes alimentaires personnalisés et un suivi régulier.

 

* Traci Mann, Secrets from the eating lab : the science of weight loss, the myth of willpower and why you should never diet again, avril 2015, Harper Wave ed.
** Etude de l’institut des sciences Weizmann de Rehovot (Israël) 2015