Famille faisant ses courses - illustration

Une alimentation de plus en plus saine et locale... vraiment ?

10.02.2020

À en croire les multiples campagnes de communication et les nombreuses initiatives menées depuis de longues années en faveur d’une alimentation saine, on pourrait penser que les habitudes alimentaires des Français changent forcément.
La réalité reste pourtant encore bien nuancée.

En matière d’information et d’initiatives autour de l’alimentation, l’inventivité ne semble pas avoir de limites. Que ce soit en faveur d’un meilleur équilibre alimentaire ou en faveur de l’environnement, les messages s’accumulent voire, se téléscopent quelquefois. On a ainsi nourri le culte du « fait maison » en créant un logo pour les restaurateurs et en multipliant les émissions télévisées culinaires.

 

Trop de messages ?

On oblige les industriels à clore leurs annonces publicitaires avec des recommandations sanitaires devenues de véritables leitmotivs : « Pour votre santé, mangez cinq fruits et légumes par jour », « Pour votre santé, limitez les aliments gras, salés, sucrés ». On invente le fameux Nutriscore, système d’information nutritionnelle à cinq couleurs et cinq lettres apposé sur les emballages. Malgré cela, on a bien l’impression que les rayons de sodas, de desserts frais et de plats préparés occupent largement les linéaires et remplissent volontiers les caddies et les paniers.

Pour intégrer la question environnementale à notre alimentation, on cherche à développer l’agriculture bio, on introduit des repas bio et des menus végétariens hebdomadaires dans les cantines des écoles, mais malgré l’engouement réel, la production peine à répondre à cette demande, et les distributeurs sont contraints de faire venir leurs produits bio de plus en plus loin. Le consommateur a bien du mal à s’y retrouver et devient naturellement suspicieux. Aux questions de santé et d’écologie s’ajoutent dorénavant les questions d’éthique et de prise en compte du bien-être animal. Les dénonciations brutales des conditions d’élevage et d’abattage ont soudainement amené le sujet sous les feux de l’actualité.

 

Quelques évolutions !

Ces messages multiples passent-ils comme la mode ou transforment-ils nos comportements ? Il semblerait que la réponse soit – hélas – négative. En effet, les Français portent le bonnet d’âne à divers égards.

• S’ils mangent deux fois plus de produits frais qu’il y a cinq ans, un quart seulement des adultes respectent le célèbre principe des cinq fruits et légumes par jour. Les générations les plus jeunes consomment quatre fois moins de fruits et de légumes que leurs grands-parents, pointe le Crédoc. La faute à la perte de savoir faire, à la vie urbaine, à la recherche du repas pratique à l’heure du déjeuner, mais aussi au pouvoir d’achat : les fruits et légumes frais restent un luxe pour beaucoup.

La baisse de consommation de viande elle, est réelle et constante depuis les années 90’ (-12 % en 10 ans selon le Crédoc). Pourtant la France restent avec les USA parmi les plus gros consommateurs de produits carnés par habitant (env. 86 kg par an selon la FAO).

Certaines habitudes demeurent bien ancrées : le repas du soir est un moment de sociabilité et de détente, mais il est souvent trop riche. Beaucoup de Français privilégient le dîner au détriment du petit déjeuner et surtout du déjeuner, régulièrement sauté.

• Malgré les incitations nombreuses à la modération, la consommation de sucre reste trop élevée avec 100 gr par jour environ (tout produit compris) et les enfants continuent à consommer davantage de sucre que les adultes.

 

Le constat est là, l’évolution des habitudes est lente et la sociologue Marie Plessz estime que « connaître les recommandations et les appliquer, ce n’est clairement pas la même chose ». Les messages passent pourtant quelquefois. Par exemple, lorsque des animations autour d’une alimentation saine sont menées dans les écoles, les enfants se révèlent plutôt réceptifs et découvrent avec plaisir de nouveaux goûts et aliments. Tout n’est donc pas perdu… mais il y a encore du pain sur la planche !


La précarité alimentaire, une menace pour la santé

 

La précarité alimentaire se définit par un accès restreint, inadéquat ou incertain à des produits sains et nutritifs.

 

En France, 3,9 millions de personnes ont recours à l’aide alimentaire. En 2018, 1 Français sur 5 déclarait ne pouvoir s’offrir trois repas par jour et 1 sur 4 déclarait renoncer à s’acheter des fruits et légumes au quotidien. Lorsque les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté (1015 € mensuel), les dépenses alimentaires servent de variable d’ajustement et ce n’est pas sans conséquence sur la santé : mal se nourrir favorise l’apparition de carences et de pathologies (surpoids, diabète, etc.). Une situation d’autant plus préoccupante que ces Français en conditions de pauvreté déclarent renoncer aux soins médicaux les moins bien remboursés par la Sécurité sociale.
(Etude Ipsos et Secours populaire sept. 2018)

 

Parmi les personnes précaires : les étudiants dont beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté.
12,20 € c’est le budget quotidien moyen d’un étudiant pour son alimentation
68 % des étudiants interrogés admettent sauter régulièrement des repas
16 % a déjà eu recours à une distribution de repas de l’aide alimentaire
1/4 a traversé un épisode dépressif dans l’année
(Baromètre sur la santé des étudiants 2019)

Distribution de colis alimentaire