De la précarité menstruelle en particulier, à la santé des femmes en général

De la précarité menstruelle en particulier, à la santé des femmes en général

17.05.2021

Les femmes en situation précaire ont difficilement accès à l’hygiène et à la santé. Pour répondre à leurs besoins, des associations telles que l’ADSF (Agir pour la santé des femmes) développent des actions de terrain notamment contre la précarité menstruelle.
Objectif : mieux tenir compte des spécificités de la santé des femmes au quotidien.

Interview de Nadège Passereau, Déléguée générale de ADSF

 

Quelle est l'ampleur de la précarité féminine en France ?

Depuis plusieurs années, nous constatons une augmentation du nombre de femmes en errance dans plusieurs grandes villes françaises. L’INSEE estime que 2 personnes sans abri sur 5 sont des femmes. Mais la typologie administrative exclut le genre féminin des statistiques et nuit à l’appréhension de la réalité du terrain. Depuis 2017, l’ADSF a vu sa file active tripler, ce qui témoigne de l’ampleur du phénomène et, surtout, des besoins des femmes en situation de précarité en matière de santé.

 

Quelles sont les conséquences de cette précarité ?

La précarité a des conséquences dramatiques sur la santé des femmes dont les besoins physiologiques sont spécifiques. La précarité menstruelle est l’une
de ces particularités. Le coût des protections périodiques est tel que les femmes en situation de grande pauvreté ne peuvent y accéder. Nous distribuons des kits d’hygiène incluant des serviettes hygiéniques dans nos lieux d’accueil santé, baptisés « Repaires Santé », et lors de nos maraudes en bus aménagés.
Tout le monde peut organiser une collecte de produits d’hygiène – donc de serviettes hygiéniques – près de chez lui afin de soutenir nos actions – et celles d’autres associations comme la nôtre.

 

Constatez-vous une intérêt du public plus fort sur le sujet ?

Oui effectivement... Au-delà d’une impression d’effet l’actualité médiatique, on observe que la société est en train d’évoluer rapidement sur ces sujets. On s’aperçoit que les protections hygiéniques sont un besoin primaire pour les personnes menstruées, il faut donc continuer à demander à ce qu’elles relèvent du droit commun. Les femmes doivent pouvoir accéder à ces produits d’hygiène comme les hommes à un rasoir. Le sujet met aussi en lumière le retard de la prise en compte des spécificités féminines dans les lieux publics, dans l’organisation du travail, mais aussi dans la médecine et dans la recherche...

Plus globalement, la santé et l’état de santé des femmes doit faire l’objet de davantage d’études pour être mieux prise en compte.

 

adsf logoAgir pour la santé des femmes vient en aide aux femmes en situation de vulnérabilité et/ou de précarité.