Intestins et stress, à la recherche d’un bien-être émotionnel et alimentaire
Crampes d’estomac, ballonnements ou perturbation du transit... Qui ne connaît pas ce type de désagréments à la veille d’un examen, à l’annonce d’un changement brutal ou face à un surcroît de responsabilités ? Le lien entre les expériences psychologiques et le système digestif est avéré de longue date mais agir dessus n’est pas aisé : cela nécessite d’améliorer nos habitudes alimentaires mais aussi notre réactivité au stress.
Pourquoi les intestins sont-ils sous l'influence des émotions ?
Concernant le lien entre santé intestinale et santé psychique, le facteur principal est ce que l’on appelle l’axe intestin-cerveau. Il existe en effet un circuit neuronal qui relie les centres émotionnels du cerveau au système digestif et particulièrement aux intestins dans toute leur longueur. En cas de stress, le cerveau enclenche des changements physiologiques rapides, libère notamment des hormones (cortisol) qui affectent le processus digestif et intestinal
en provoquant des douleurs et des troubles du transit, des symptômes qui peuvent altérer la qualité de vie du patient au quotidien.
Quelles sont les conséquences possibles ?
Les mécanismes à l’oeuvre sont bien connus : les sécrétions gastriques et les flux sanguins sont modifiés durablement, affectant la sensibilité viscérale et sa capacité à faire avancer les aliments le long du tube digestif. La perméabilité et la fonction barrière des parois de l’intestin s’en trouvent fragilisées ainsi que la flore intestinale. Lorsque cette situation perdure, elle engendre une gène chronique. On parle alors de syndrome de l’intestin irritable (SSI) ou de colopathie fonctionnelle qui touche 3 millions de personnes en France.
"On estime que 5% des Français sont concernés, dont deux femmes pour un homme. Pourtant seul un tiers des patients consulte."
Comment améliorer la situation ?
Dans cette relation étroite de l’intestin et du cerveau, l’état psychique influence la digestion mais les problèmes digestifs affectent aussi la santé psychique.
Il importe donc de diminuer son stress autant que d’améliorer sa manière de s’alimenter. La reprise du contrôle de son alimentation permet de retrouver un bien-être à table : déjeuner au calme loin des débats trop vifs ; maintenir son microbiote grâce à une alimentation saine et équilibrée ; éviter les abus (gras, sucre, alcool…). Côté cerveau, les techniques de relaxation permettent de retrouver une tranquilité d’esprit et de lutter contre le stress. Lorsque les changements de mode de vie ne suffisent pas, un traitement peut faire la différence au quotidien. Si la colopathie n’est pas facile à résorber, elle ne donne cependant pas lieu à d’autres pathologies, contrairement à de nombreuses idées reçues.
Intestin irritable Professeur Jean-Marc Sabaté, gastro-entérologue (éd Larousse, 2020)