Maladies mentales : la prévention est-elle possible ?

Maladies mentales : la prévention est-elle possible ?

17.03.2015

Anorexie, dépression, autisme… L’univers des maladies mentales est aussi vaste que méconnu du grand public – et des décideurs. Pourtant le développement d’actions de prévention permettrait de réduire les conséquences individuelles, économiques et sociétales de ces pathologies. Entretien avec Marion Leboyer, directrice de la fondation FondaMental.

 

Pourriez-vous préciser ce que recouvre l’expression « maladies mentales » ?

L’expression désigne des maladies très différentes qui concernent des troubles aussi divers que ceux relevant de la dépression, de la schizophrénie, des troubles bipolaires et troubles anxieux et de l’autisme. Les maladies mentales sont très fréquentes puisqu’elles touchent 38,2 % des Européens.

 

Certaines personnes sont-elles plus exposées que d’autres à ces maladies ?
Ces maladies peuvent toucher tout le monde, mais concernent davantage certaines populations. Généralement, elles commencent entre 15 et 25 ans et évoluent ensuite tout au long de la vie, parfois jusqu’à devenir de véritables handicaps. Il est donc crucial de les enrayer le plus tôt
2015 possible. L’épidémiologie psychiatrique permet d’affirmer que la qualité de l’alimentation, le sommeil, l’activité physique, le tabac, la drogue ou encore le terrain génétique sont, entre autres, des facteurs de risques. Par exemple, nous savons qu’il y a deux fois plus de cas de schizophrénie dans les villes que dans les campagnes. Cette situation est notamment liée au stress, à la pauvreté, à l’exposition aux infections ou encore à l’urbanité.
Les maladies mentales restent méconnues en France. Comment lutter contre ce manque de reconnaissance ?
En effet, nous avons du mal à faire reconnaître l’importance des enjeux de société que représentent les maladies mentales. Pourtant ces maladies sont celles dont le poids sociétal est le plus élevé. Il est donc indispensable de
faire évoluer la psychiatrie généraliste actuelle, de personnaliser les prises en charge. Aujourd’hui, on traite dans le même service un patient atteint de schizophrénie et un autre souffrant d’anorexie. Mais le système peine à remettre en cause les dispositifs existants.

 

Quelles actions de prévention faudrait-il mener ?
On distingue trois types de prévention. La prévention primaire vise à réduire les risques d’apparition des maladies. Pour ce faire, il faut lutter contre la méconnaissance de ces maladies et mener des campagnes de communication pour informer la population à tous les niveaux – journalistes, décideurs, grand public. l’objet de fausses représentations.
La prévention secondaire a trait à la réduction du nombre de cas et au dépistage. Entre l’apparition des premiers signes et le diagnostic ou la prescription d’un traitement adapté il s’écoule en moyenne 10 ans. La France est très en retard sur ce point. Enfin, la prévention tertiaire vise à mettre en oeuvre des stratégies destinées à ralentir la maladie avant qu’elle ne devienne un véritable handicap. Pour avancer sur ces questions, la fondation FondaMental a créé un réseau professionnel de centres expert. Nous avons par exemple construit un programme de psychoéducation qui permet aux personnes maniquo-dépressives de gérer leurs symptômes de rechute avec leur entourage.