Vaccination : informer mieux pour protéger mieux

Vaccination : informer mieux pour protéger mieux

31.05.2019

La vaccination est devenue un sujet délicat qui suscite des débats. Pourtant, à l’heure où l’on constate le retour de la rougeole en France et une couverture vaccinale insuffisante, le besoin d’information et d’arguments loin des polémiques se fait plus pressant. Rencontre avec Lise Barnéoud, journaliste scientifique.

On ne peut que le constater : le consensus autour de la vaccination s’est érodé et le rapport bénéfice risque de ce dispositif de protection des populations est remis en question ces dernières années. Innocuité des composants, effets secondaires, campagnes volontaristes ou pénuries, les sceptiques font valoir leurs arguments. Pour les immunologistes, le principe a fait ses preuves dans l’histoire : inoculer un microbe rendu inoffensif provoque la fabrication d’anticorps par l’organisme, ainsi le système immunitaire sachant reconnaître l’intrus, saura l’éliminer lorsqu’il rencontrera sa version virulente. Ce faisant, on se protège soi et on protège les autres. Un principe de couverture vaccinale qui questionne aujourd’hui et fait émerger le besoin d’un renouveau de l’information au public sur le sujet.

« On n’a sans doute pas fait suffisamment l’effort d’expliquer aux populations le fonctionnement, les enjeux et les limites de chaque vaccin.»

Les vaccins sont motifs à vifs débats entre pro et anti-vaccins. Pour quelles raisons, selon vous ?
S’affirmer pour ou contre les vaccins me semble absurde. C’est un peu comme se dire pour ou contre les médicaments. Lorsque le discours est autant simplifié, il est nécessairement erroné. Il faudrait dépasser les opinions et chercher à s’informer plus précisément sur le sujet. Chaque vaccin répond à un objectif particulier. Mais on n’a sans doute pas fait suffisamment l’effort d’expliquer aux populations le fonctionnement, les enjeux et les limites de chaque vaccin. Les vaccins restent des  médicaments et peuvent donc avoir des effets secondaires.

Comment fonctionne la couverture vaccinale contre la prolifération des maladies graves ?
Les vaccins ne répondent pas tous au même objectif et ne protègent pas tous la collectivité. Par exemple, les trois vaccins obligatoires jusqu’en 2018 (diphtérie, tétanos et poliomyélite) protègent la personne vaccinée et non la collectivité. On pourrait les qualifier de vaccins « égoïstes ». Le vaccin contre la poliomyélite utilisé en France évite que le virus ne nuise à l’individu vacciné, mais il n’empêche pas le virus de coloniser l’organisme qui peut donc contaminer les personnes qui l’entourent. Le vaccin contre la rougeole, au contraire, rompt la chaîne de transmission du virus et peut être considéré comme « altruiste » : se faire vacciner protège ceux qui ne le peuvent pas, par exemple les personnes immunodépressives ou les enfants de moins d’un an. Les vaccins ne sont pas seulement des produits
de notre médecine. Ils sont une façon d’être au monde. Il faut s’interroger sur la place et le rôle des vaccins dans la société qui est la nôtre.

Les vaccins pédiatriques obligatoires sont passés de 3 à 11. La contrainte est elle nécessaire ?
L’obligation vaccinale peut faire le lit de la suspicion et peut conduire les autorités publiques et les médecins à faire l’impasse sur l’explication de ces vaccinations. L’enquête menée dans le cadre de mon livre a révélé que les parents attendent davantage de pédagogie et de transparence. Les parents sont capables de comprendre, même si l’immunologie est un champ très complexe de la médecine. Il faut aujourd’hui informer davantage les patients sur la vaccination.

Lise Barnéoud est journaliste scientifique et auteure de : Immunisés ? Un nouveau regard sur les vaccins, Premier Parallèle éd., 2017.