Confinement : quelles conséquences pour les enfants ?

Confinement : quelles conséquences pour les enfants ?

07.07.2020

La vie des enfants a soudainement été bousculée par les mesures de confinement, par l’anxiété des parents plongés dans une situation inédite et par l’arrêt de l’école. Le repli sur le noyau familial, la sédentarité et l’omniprésence des écrans sont les premiers constats faits par les pédiatres qui souhaitent que les enfants profitent pleinement des grandes vacances. Interview du Dr Fabienne Kochert, pédiatre et présidente de l’association française des pédiatres ambulatoires (Afpa).

 

Comment les enfants ont-ils vécu le confinement ?

Les situations ont été diverses en fonction des familles et ont évolué durant la période. Au début, alors qu’on ne savait rien de ce nouveau virus, les enfants ont surtout ressenti l’angoisse des adultes. Avec l’arrêt de l’école, nous avons conseillé aux parents de garder un rythme régulier au quotidien et d'éviter de suivre les informations en continu en présence des enfants. Pour les parents, entre télétravail, école à la maison et parfois garde des plus petits, l'organisation a été difficile à tenir sur le long terme, surtout après les vacances de printemps. Cependant, certaines familles ont réussi à créer une sorte de cocon dans lequel elles ont retrouvé le plaisir de vivre en famille, de faire des jeux, d’échanger, de faire la cuisine... Elles ont même vu avec une certaine crainte le retour partiel à l'école qui s'est avéré également compliqué à organiser et qui a pu être anxiogène en raison de la lourdeur du protocole sanitaire imposé.

Par ailleurs, nous avons constaté une très forte augmentation de l’utilisation des écrans. Sur un mode interactif pour maintenir les liens familiaux, avec les copains et l’école, mais aussi sur un mode passif : pour beaucoup d’enfants. Ceci au détriment des interactions indispensables à leur développement. Pour ces enfants, retrouver le chemin de l'école fin juin est très important avant les grandes vacances. L’allègement du protocole sanitaire permet de retrouver une école à visage humain, « comme avant » et d’éviter des angoisses inutiles pour la rentrée de septembre.

 

Et concernant l’école à la maison ?

Il faut saluer l’effort fait par les enseignants qui ont dans l’ensemble joué le jeu et fait le maximum pour leurs élèves. Certains ont développé la classe en visio par petits groupes, d’autres ont plutôt envoyé les devoirs et les cours par mail. Les familles ont parfois eu du mal à suivre devant l’importance du travail demandé. Il a fallu s’adapter, revoir parfois les connexions internet, s’équiper en cartouches d’encre pour l’imprimante etc…
Ce fût l’occasion aussi pour les parents de saluer les compétences des enseignants et de constater qu’il n’était pas facile de s’improviser professeur de son enfant .
Pour les élèves en difficulté, la fin des cours, l’école à la maison, la suppression des examens ont eu un effet délétère :beaucoup ont décroché.
Les classes apprenantes annoncées par le ministère de l’Education en début juillet et fin août couplant travail scolaire le matin et activités l’après-midi, sont une bonne nouvelle pour les familles les moins favorisées : les enfants ont besoin plus que tout de sortir de chez eux, d’être stimulés à nouveau.

Que conseillez-vous pour les vacances ?

Avant tout, les enfants ont besoin des vacances. Après les « drôles de vacances à la maison » qu’ils ont expérimentées, bien souvent pour la première fois, les enfants ont besoin de sortir de chez eux, de se rencontrer à nouveau, de voir les grands-parents, les cousins, les amis, de faire de nouvelles expériences, de « s’aérer l’esprit ». Il ne faut pas oublier qu’on est intelligent aussi de tout ce qu’on apprend en dehors de l’école. Il faut profiter des vacances pour sortir avec les enfants, faire des visites, des activités sportives, de nouvelles découvertes. Parents et enfants ont besoin de recharger leurs batteries avant la prochaine rentrée.

 

A quelles conditions se retrouver en famille ?

Les conditions de visite chez les grands-parents se sont beaucoup assouplies si ces derniers ne présentent pas de fragilité particulière (âge supérieur à 75 ans, maladie chronique). On sait à présent que les enfants sont peu touchés par le Covid-19 et peu contagieux. Mais il faut tout de même rester prudent et aménager les rencontres : éviter de se retrouver trop nombreux, passer le plus de temps possible à l'extérieur car on sait le virus se propage davantage dans les lieux confinés. A l’intérieur, il faut toujours bien aérer les locaux.
Les mesures de distanciation sociale restent d’actualité pour les adultes mais ne sont pas à appliquer par les enfants. Pour les retrouvailles en famille élargie, un microcosme se crée après quelques jours de cohabitation et si tout le monde est en bonne santé, une vie normale peut reprendre son cours sans grand danger même si le risque zéro n’existe pas tant que le virus continue à circuler.

S'il faut garder quelque chose de cette expérience ?

Cette épidémie à coronavirus nous a rappelé l'importance d'une hygiène rigoureuse des mains que nous avions peut être un peu négligée. Les microbes circulent dans notre environnement et pour ne pas tomber malade, la meilleure mesure barrière est le lavage soigneux et régulier des mains, notamment avant de manger ou quand on change d'activité... Il faut aussi éviter de se toucher le visage si les mains ne sont pas propres. Cet apprentissage d'une bonne hygiène des mains est une bonne chose pour tous. Elle pourrait notamment permettre de diminuer la propagation des autres viroses saisonnières comme la grippe, la bronchiolite, la gastro entérite l’hiver prochain.

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