Illectronisme : entre fracture numérique et entraide
Vecteur d’exclusion dans un monde de plus en plus connecté, l’illectronisme supplante largement l’illettrisme en envergure. Le phénomène devient de plus en plus préoccupant à l’heure des téléprocédures et de la télémédecine.
Face à l’ampleur du phénomène, il a bien fallu inventer un nouveau mot. L’illectronisme, difficulté ou incapacité à utiliser les technologiques numériques, concerne près d’un quart des Français. 500 000 d’entre eux n’ont pas accès à internet à leur domicile et 6,7 millions* ne se connectent jamais. La numérisation est partout à l’ordre du jour, instaurant le numérique comme le canal unique et obligatoire pour un nombre croissant d’actions du quotidien : achats, activités de loisirs, démarches administratives, mais aussi relations familiales... Cette transformation à marche forcée n’est pas sans conséquence.
L’accès au numérique, un droit pour tousDans le cadre de son programme de rencontres santé, la mutuelle LMP souhaiterait voir aborder de nouveaux thèmes parmi lesquels, l’appropriation du numérique. Soucieuse de connaître les souhaits de ses adhérents sur ce sujet, elle proposera un questionnaire dans les prochains mois. Elle exclut de l’exercice de leurs droits élémentaires les personnes non formées, peu à l’aise, voire réfractaires. La question de l’accès égalitaire aux services dématérialisés et, partant, aux dispositifs de santé via le numérique est plus que jamais posée.
UN PROBLÈME DE CONNEXION…
Il y a encore, dans certains lieux éloignés des centres urbains, un problème de couverture des réseaux. L’ADSL, la 4G ou la fibre y sont insuffisantes pour permettre de surfer sur la toile, pour télécharger un document, ou regarder une vidéo. Collectivités locales et opérateurs tentent de trouver des solutions mais les retards dans l’installation de réseau constitue une première inégalité géographique pour les habitants.
Il y a ensuite les coûts d’équipement (ordinateurs, tablettes ou smart-phones, imprimantes) et les tarifs de connexion (forfaits 4G, box internet) qui peuvent être rédhibitoires pour ceux qui doivent faire des choix dans leur budget mensuel.
... ET DE CULTURE !
Pour une grande partie de la population, c’est le manque de connaissance sur ces outils et sur leurs usages qui provoque la fracture numérique. Ainsi, faute de maîtrise, rechercher un emploi, déclarer ses revenus ou récupérer des résultats d’analyses médicales deviennent des démarches difficiles à réaliser, créant une anxiété mais aussi une dépendance, lorsque les personnes doivent s’en remettre à l’aide d’un tiers : un membre de la famille, un voisin ou un médiateur. Parmi les personnes les plus concernées, on compte les seniors qui rencontrent cette technologie tardivement dans leur vie, mais aussi les actifs qui, dans un cadre professionnel, connaissent les logiciels métiers mais sont peu formés sur d’autres ressources. Quant aux jeunes, que l’on qualifie volontiers de « natifs numériques » parce qu’ils sont nés avec, ils ne sont pas toujours les mieux armés : leur habileté numérique qui s’épanouit sur les réseaux sociaux tels que Whatsapp et sur les jeux sur smartphone peine à tirer parti des ressources d’internet pour satisfaire d’autres besoins : s’informer, s’outiller, ouvrir son horizon...
Mais l’accessibilité concerne aussi l’utilisation du numérique par les personnes en situation de handicap, que celui-ci soit d’ordre sensoriel, mental, cognitif ou physique. Un ensemble de règles devraient être intégré dès la conception des outils. Une mise en oeuvre encore loin d’être généralisée.
UNE URGENCE : ACCOMPAGNER ET FORMER
Le Défenseur des droits l’a rappelé : l’accessibilité numérique est un droit pour tous. Utiliser un moteur de recherche, télécharger un document, envoyer un email, une image, comprendre le parcours usager... ces diverses compétences devront devenir le B-A-B A à acquérir, à l’instar de l’écriture et de l’arithmétique.
Les services publics ont dorénavant à prendre en charge l’inclusion numérique de leurs usagers avec l’aide de l’État, de l’Europe et des collectivités locales. Ainsi Pôle emploi, les CAF, l’Assurance maladie, la Carsat* notamment, mettent en place des ateliers d’initiation et de formation. Par ailleurs, face au besoin criant, de nombreuses initiatives voient le jour en direction des seniors, des chercheurs d’emploi, des parents avec leurs enfants... Ainsi, Emmaüs Connect propose une aide au diagnostic et des ateliers d’apprentissage aux démarches en ligne pour permettre à chacun de gagner en autonomie et de rester ainsi citoyen de plein droit.
Les bons clics, le bon coup de main
- Si vous souhaitez savoir où vous en êtes avec le numérique,
- Si vous souhaitez vous former et gagner en autonomie,
- Si vous cherchez à aider un proche face à un ordinateur, une tablette ou un smartphone...
La plateforme pédagogique vous accompagne pas à pas dans l’utilisation du site et de ses outils.
www.lesbonsclics.fr