La douleur, ce mal inégalitaire

La douleur, ce mal inégalitaire

21.03.2017

Il y a les douillets et les durs au mal, ceux qui pleurent pour un rien et ceux qui encaissent sans sourciller : face à la douleur, nous semblons très inégaux. Cette impression est-elle trompeuse ou est-ce une réalité ? Questions à Peggy Sastre, journaliste scientifique.

La douleur fait enfin l’objet de toutes les attentions. Le recours à l’échelle de la douleur ressentie, exprimée par un chiffre de 0 à 10, est devenue habituelle dans les hôpitaux et sert de fondement à la prescription d’antalgiques. Des études scientifiques montrent les différences de perception de la douleur, notamment entre hommes et femmes. Et la conclusion est sans appel : nous ne sommes pas égaux, loin de là ! La sensibilité des femmes n’est pas une légende et les hommes disposent d’un seuil plus élevé à la douleur ainsi qu’une tolérance plus importante par rapport aux femmes, qui éprouvent plus de douleur, plus fréquemment et plus intensément. Les hormones jouent un rôle non négligeable mais au-delà de la physiologie, la psychologie et le conditionnement social constituent aussi des paramètres différenciants.

 

Peggy Sastre Docteur en philosophie,

chroniqueuse, traductrice et blogueuse

 

 

 

 

Quelle est la différence de perception de la douleur entre hommes et femmes ?
En règle générale, les femmes sont plus sensibles que les hommes à la douleur. Elles arrivent mieux à la décrire et la douleur dure aussi plus longtemps et se manifeste dans davantage de régions du corps. Le côté « douillet » des femmes est plus manifeste avec les douleurs liées à la pression ou l’électricité. Par contre, quand la douleur est liée à la
chaleur ou au froid, on observe moins de différences entre les sexes. Quant à la relative « tolérance » aux douleurs de l’accouchement, elle est liée à la progestérone, qui augmente avec la grossesse et l’allaitement, et dont la structure chimique est très proche de certains anesthésiants, comme l’alphaxolone.

Quel rôle jouent les hormones ?
Les hormones sexuelles modulent l’expérience douloureuse, elles modifient notre capacité à maintenir les nerfs dans un état de fonctionnement optimal et régulent aussi la production des éléments biologiques impliqués dans le ressenti douloureux. Enfin, les femmes sont aussi plus sensibles à la douleur pendant leurs règles.

Comment explique-t-on ces différences ?
Par l’analyse des réactions du cerveau. On sait par exemple qu’hommes et femmes ne réagissent pas de la même manière à la douleur viscérale : en moyenne, les femmes y
sont davantage sensibles. Une sensibilité qui peut s’observer par imagerie médicale : soumis à un stimulus dans cette région du ventre, les hommes et les femmes n’activent pas les
mêmes zones de leur cerveau.

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La douleur, amie ou ennemie ?
Généralement perçue comme une sensation négative, la douleur est pourtant bien une alliée de l’organisme. Sans douleur, nous ne percevrions pas les traumatismes physiques ou les
symptômes d’une maladie. Avoir mal est certes désagréable, mais permet de réagir c’est-à-dire de se soigner, se reposer ou se protéger.