L’hypnothérapie, une pratique qui s’étend

L’hypnothérapie, une pratique qui s’étend

21.01.2016

Pratiquée par un nombre croissant de professionnels de santé, l’hypnose est une technique de soins et de traitement de la douleur dont l’efficacité est de plus en plus reconnue. Le professeur Antoine Bioy nous éclaire sur les applications actuelles de l’hypnose médicale.

Quelles sont les applications de l’hypnose dans le champ de la santé ?
L’hypnose médicale permet de traiter les troubles en lien avec le psychisme humain dans trois domaines. Elle est pratiquée en psychiatrie et psychothérapie contre le stress et les phobies, contre les comportements de dépendance (tabagisme ou troubles de l’alimentation) ou les troubles de l’humeur. Elle est de plus en plus utilisée pour les troubles fonctionnels d’origine psychosomatique, c’est à-dire touchant des fonctions corporelles sans cause organique ni lésion, par exemple en dermatologie (eczéma, psoriasis) ou en gastroentérologie. L’hypnose permet d’agir notamment lorsque l’aspect psychologique joue comme facteur de maintien et de résistance des symptômes. Dans le cas, par exemple, du syndrome du colon irritable, les facteurs peuvent être multiples (problèmes de flore intestinale, de régime alimentaire, etc.), mais l’hypnose peut permettre au patient de soulager les douleurs et l’anxiété liées à cette maladie. Il peut apprendre également la technique pour se l’appliquer.

On parle aussi d’hypnosédation ?
C’est la troisième application de l’hypnose en effet pour le traitement de la douleur. L’hypnosédation ou hypnoanalgésie sont proposées lors de l’accouchement, de traitement de brûlures graves ou encore pour certains gestes chirurgicaux nécessitant une anesthésie locale, voire même lors d’anesthésie générale dans le cas par exemple d’intervention en gynécologie.


Comment l’hypnose fonctionne-t-elle contre la douleur ?
L’hypnose consiste à berner le cerveau - que l’on a tendance à croire plus fort qu’il n’est ! - en créant une illusion. Par une suggestion, on met le cerveau en situation de faire du vélo par exemple. Cela n’entraîne pas d’action motrice du corps mais les sens continuent d’entendre, de sentir ou de voir. L’attention étant tournée vers l’activité du vélo, le ressenti de la douleur diminue. L’hypnose exploite cette faculté pour accompagner l’interprétation de l’information par le cerveau. Dans le cas de brûlures, le patient sera mis dans des conditions de grande chaleur puis de chaleur suffocante qui se rapprochent des sensations de brûlure. On créé ainsi la possibilité d’être dans une douleur moins insupportable.

Dans le cadre d’une opération, comment l’hypnose est-elle menée ?
L’action du praticien anesthésiste-réanimateur consiste à suggérer et à maintenir l’état de dissociation sur des durées allant communément de 45 minutes à une heure et demie. Mais le recours à l’hypnose permet avant tout de réduire l’anxiété, la douleur et les médicaments lors de la préparation de l’intervention. Elle crée les bonnes conditions de post-hospitalisation : moins de nausées, de douleur, de fatigue... Elle permet une récupération deux fois plus rapide des patients. Le fait qu’elle se déroule dans un cadre hospitalier est rassurant et favorise l’acceptation des personnes. Les refus sont très rares.


Antoine Bioy Professeur des Universités - Psychologie clinique et psychopathologie
Expert scientifique pour l’Institut
Français d’Hypnose
www.hypnose.fr