Pollution de l’air : respirer la santé…vraiment ?

Pollution de l’air : respirer la santé ?

21.01.2019

Comme chaque hiver, les indicateurs de pollution atmosphérique vont basculer dans le rouge. En France, 48 000 personnes décèdent chaque année parce qu’elles respirent un air pollué. Décryptage d’un phénomène préoccupant.

Rien de plus traître que la pollution atmosphérique : souvent invisible et inodore, elle ne saute pas toujours aux yeux et aux narines des populations qui, de ce fait, ont souvent du mal à prendre conscience de la gravité de la situation. La France n’est certes pas en tête des pays les plus touchés par les conséquences sanitaires de la pollution de l’air. En nombre de décès par an, en Europe, l’Allemagne tient le haut du pavé, suivie par l’Italie, le Royaume-Uni et la Pologne, l’Hexagone pointant en 5e position.

 

Mesurer la qualité de l’air, mesurer l’impact sur la santé

L’air que nous respirons peut contenir des centaines de polluants sous forme gazeuse, liquide ou solide. L’indice Atmo surveille plusieurs de ces polluants. Il est particulièrement conseillé de surveiller l’indice Atmo pour les personnes fragiles : asthmatiques, jeunes enfants, personnes âgées, etc.

- les particules
De 2,5 à 10 μm (PM 2,5, PM10), elles peuvent pénétrer plus ou moins profondément dans l’arbre pulmonaire et irriter les voies respiratoires, altérer la fonction respiratoire. Certaines particules ont des propriétés mutagènes et cancérigènes.

- l’ozone
C’est un gaz irritant qui provoque toux, essoufflement, irritations nasale et oculaire. Il augmente aussi la sensibilité aux pollens chez les personnes allergiques.

- le dioxyde de soufre
C’est un gaz irritant des muqueuses, de la peau et des voies respiratoires. Il agit en synergie avec d’autres substances : polluants, particules fines, tabac. Il accentue les gênes respiratoires chez les sujets sensibles (baisse de capacité respiratoire, toux).

Néanmoins, la France est dans le collimateur de la justice européenne pour le non respect des normes de dioxyde d’azote et de particules fines (PM10).

Invisibles, mais hautement nuisibles

Qu’elles soient imperceptibles par le commun des mortels ou, au contraire, qu’elles enveloppent le paysage d’un « smog », les substances polluantes sont liées aux activités humaines et se révèlent très diverses.

On différencie :
les particules en suspension ou poussières, proviennent de la combustion de bois, de pétrole, de l’échappement des moteurs, ou d’activités industrielles ;
le mauvais ozone, qui se forme sous l’effet du rayonnement solaire sur les échappements des véhicules ou les fumées d’usines ;
les gaz courants, dont les oxydes d’azote (NO et NO2), sont formés par oxydation de l’azote atmosphérique lors de combustions de carburants fossiles (véhicules ou centrales thermiques essentiellement), mais aussi le benzène, le dioxyde de carbone, les aldéhides, l’ammoniaque...

 

De graves conséquences sur la santé

En ville, à la campagne, en vallée de montagne, en zone périurbaine… Tous les territoires sont touchés. Toute la communauté scientifique est unanime, la pollution de l’air a des impacts importants sur la santé. Elle est à l’origine de nombreuses maladies et de décès prématurés.

Si certains effets sur les organismes se signalent immédiatement (gêne et inconfort de la sphère ORL, nausées, troubles respiratoires, aggravation de l’asthme, allergies), d’autres conséquences se révèlent plus graves lorsque l’exposition est chronique : aggravation de certaines pathologies respiratoires ou neurologiques, de maladies cardio-vasculaires, de troubles du développement de l’enfant, de troubles de la fertilité, voire de cancers…

 

Des actions… encore trop peu suivies d’effets

Face à ce véritable problème de santé publique, les autorités s’efforcent de prendre des mesures ces dernières années. Elles incitent ainsi à adopter des modes de déplacements doux (marche, vélo, trottinette…) et les transports en commun. La valorisation du covoiturage, la création de points de recharge pour les véhicules électriques ou encore la création de zones à faible émission (type éco-quartiers) permettent également de limiter les émissions de particules fines liées aux transports routiers.

En cas de pic de pollution, la circulation alternée, différenciée ou ralentie peut être instaurée par les préfectures. Des aides à la rénovation de l’habitat, des campagnes de sensibilisation aux économies d’énergie, la création de points de compostage ou encore le durcissement des normes environnementales pour les industries et l’agriculture sont également mis en place pour lutter contre l’émission de polluants.

Malgré ce panel de mesures, la qualité de l’air peine à s’améliorer. Le changement des comportements individuels dépend surtout de solutions alternatives accessibles au plus grand nombre, que ce soit pour se chauffer ou se déplacer. En matière de qualité de l’air, la réduction massive des émissions de substances nocives reste donc un enjeu crucial tant à l’échelle locale que globale.