Soins ambulatoires : la fin des nuits à l’hôpital ?

Soins ambulatoires : la fin des nuits à l’hôpital ?

26.03.2018

Les soins ambulatoires recouvrent à la fois la médecine et la chirurgie ambulatoires. Bien que cette dernière attire particulièrement l’attention - parce qu’elle effraie - l’objectif de développement des soins concerne pourtant aussi la médecine : actuellement 43 % des soins se font en ambulatoire, mais elle devra atteindre 55 % en 2022.

 

Ces augmentations inquiètent à juste titre patients et professionnels de santé. Pourtant, dans certains pays européens, comme la Suède et le Danemark, les taux de chirurgie ambulatoire s’élèvent déjà à 90 % !

 

LE VIRAGE AMBULATOIRE DES POLITIQUES DE SANTÉ
Ce que l’on appelle le « virage ambulatoire » est l’un des axes forts des politiques nationales de santé qui visent
ces dernières années à moderniser notre système de santé : il s’agit de recentrer l’hôpital sur les soins et non plus sur l’hébergement, à l’instar des pays d’Europe qui ont généralisé le principe.

 


54 % des chirurgies sont ambulatoires aujourd'hui, alors qu'elles n'étaient que 36 % en 2009. Le recours à l'ambulatoire devra atteindre 70% des actes d'ici cinq ans a annoncé Agnès Buzyn, ministre de la santé.

 

 

Une vaste palette de soins concernés.
L’ensemble des établissements de santé publics et privés dispensant
des soins en médecine et en chirurgie doit s’inscrire dans cette évolution et, ainsi, transformer ses pratiques
dans diverses spécialités. En effet, l’ambulatoire concerne des actes aussi différents que l’opération de la cataracte, l’extraction dentaire, la chirurgie des varices, le retrait des amygdales ou encore l’opération d’une hernie inguinale.


Des soins identiques
L’ambulatoire ne se limite donc pas seulement à ce que l’on qualifie parfois de « petites » interventions, mais s’étend aussi à des actes très techniques. L’éligibilité de l’acte à l’ambulatoire est évaluée lors d’un diagnostic préalable qui tient compte du rapport bénéfice/ risque, du degré de maturité de l’établissement et/ou de l’unité concerné(e) et des conditions de retour au domicile du patient. Dans tous les cas, les soins prodigués sont identiques à ceux qui sont effectués lors d’une hospitalisation à temps complet. Pour le patient, l’avantage est indéniable : chaque soir, il peut regagner son domicile, retrouver sa famille et gagner ainsi en confort.

Une évolution positive
Rentrer chez soi permet de réduire les risques d’infections nosocomiales chez le patient. Du côté des professionnels de santé, l’intérêt se révèle double aux yeux des pouvoirs publics : d’une part, développer de nouvelles pratiques techniques et organisationnelles et, d’autre part, améliorer les conditions de travail. Cette évolution serait synonyme d’optimisation de l’usage des équipements médicaux, de réduction des dépenses et d’amélioration de la qualité des prises en charge.

Économies, économie
Si la réduction des actes avec prise en charge hospitalière semble être une solution pour diminuer les dépenses de santé, les recettes des établissements hospitaliers vont toutefois baisser – et ainsi leur ôter une ressource financière. Pour le personnel de santé, le développement de l’ambulatoire est 13synonyme de fragmentation du suivi. Afin de remédier au problème, il faudra améliorer sensiblement la coordination entre le personnel hospitalier et les médecins de ville, sous peine de nuire à la qualité des soins.

Des interrogations
Côté patient, le développement de l’ambulatoire ne va pas sans poser problème, en particulier pour tous ceux qui habitent dans des zones éloignées des établissements hospitaliers ou qui vivent seuls. Comment gérer les déplacements quotidiens jusqu’à l’hôpital lorsque les transports en commun font défaut ou qu’aucun membre de la famille ne peut assurer les trajets ? Quel est l’impact d’un temps de transport, souvent fatigant, sur l’état de santé d’un patient ?
Par ailleurs, la fragmentation des soins entre l’hôpital et la médecine de ville implique une multiplicité d’actes, donc une pluralité de paiements et remboursements. Un projet de forfait global est actuellement à l’étude afin d’éviter ce type de désagréments, mais de nombreuses questions restent encore en suspens.